Pictures by Gabrielle Malewski
J’ai mis des années avant de comprendre que j’étais différente, et encore aujourd’hui il m’arrive d’en douter. Je pensais tout naturellement qu’il était normal d’alterner les grandes joies et les souffrances intenses, et j’ai toujours montré mes cicatrices béantes sans fard, eu des comportements que l’on qualifie cliniquement de borderline. Je ne me reconnaissais dans rien, à part les grandes figures tragiques ou les héroïnes de romans, sans toutefois réaliser comme je pouvait passer aux yeux des non-intimes pour un personnage, exaspérant ainsi ceux qui le pensaient fabriqué ou accentué, et attendrissant ceux qui en vérifiaient l’absolue vérité. En réalité, cela n’a rien de beau ni de romanesque et si parfois je suis fière d’être étrange, cela ne m’amuse pas d’être ainsi, pas du tout même, car c’est tout simplement épuisant. « Un coup je passe, un coup je casse », oui, mais jusqu’à quand ?
Pendant longtemps je ne supportais pas de ne pas etre comprise, et puis jai cessé d’y attacher de l’importance car jai compris que je ne pouvais pas être comprise. En effet, je ne peux pas en vouloir aux personnes, connues ou inconnues, qui ne se reconnaissent pas dans mes sentiments excessifs, car ils n’ont pas de référent de comparaison chez eux.
Alors aujourd’hui, plutôt que de tourner en rond et de me plaindre, ma seule preoccupation est : comment je vis en étant moi ? Il y a des familles psychiatriques dans lesquels je me reconnais, la cyclothymique, le trouble de la personnalité borderline, certes c’est moche comme dirais Brigitte Bardot, mais quand je vois ce qu’elle est devenue, je me dis que c’est quand même toujours mieux que de se laisser être. Alors, est ce que je continue à alterner les périodes de stimulation intense et de gouffre de souffrance, ou est ce que je m’en remets a la thérapie pour me cadrer au risque de supprimer cette partie de folie qui fait ma particularité ? Ou est-ce que je règle par la méditation, par une quête de soi différente ? J’ai choisi ces deux voies, et je ne regrette rien.
Top and skirt : Weill Paris / Shoes : Boden Clothing / Coat : Mango / Bag : Christian Louboutin
From Paris with Love !
Louise
Je suis étonnée que personne n’ait laissé de commentaire pour un article aussi touchant et criant de vérité. Tu es différente et unique, mais sache aussi que tu n’es pas la seule à souffrir de tout ça. Je tiens à te le dire car souvent quand je suis dans le gouffre douloureux, je pense être la seule… or c’est leurre. Ca ne change pas la souffrance bien sûr, mais ça aide. En parler comme tu le fais est très courageux et ça réconforte plein de gens qui sont passés par la même chose.
Je pense que ce sujet devrait être plus abordé dans notre société et sans honte, car malheureusement le tabou sur les maladies psychiatriques isole et exclue ceux qui en souffre.
Ta sensibilité est magnifique et cela se ressent dans ton art.
Ca fait un peu groupie, mais je me souviens t’avoir rencontrer par hasard dans la salle d’attente chez le médecin quand il y a 6 ans. J’ai vu une femme timide, élégante et d’une grande force. Je t’avais fait part de mon admiration, tu étais étonnée, et je suis contente de t’avoir dit à quel point ce que tu fais compte. Le beau et l’onirique nous font vivre plus fort. Merci d’en donner à foison!
J’avais laissé un commentaire il ya quelques jours mais il a disparu, touchée également par ce témoignage étant moi hypersensible et en proie parfois au désespoir, je lui disais en gros qu’il ne faut pas craindre de perdre sa créativité et son originalité en thérapie , il me semble qu’on peut évoluer plus sereinement tout en gardant sa fragilité et son aura unique en allant mieux…
Un texte très touchant qui m’a incité à commenter !
Etre étrange c’est être originale, le principal est de s’aimer soit même, quelqu’en soit le regard d’autrui sur nous
Il ne faut pas chercher à se changer, mais à s’accepter soit même :)
PS : je suis une fan de mode parisienne, j’adore ton look frais et pétillant qui est très agréable à regarder
Je te partage mon bon plan où je trouve toutes mes chaussures et des sacs à mains de folie http://www.buzzao.com
Hésite pas à aller faire un tour,
Au plaisir de te reparler, Valentine