Before the Storm

03 juillet 2018

Fashion | Life | Looks

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Pictures by Daniela Petrel

Depuis quelques mois, je ne parle pas beaucoup sur ce support car, comme je vous l’avais récemment expliqué, je réserve désormais l’essentiel de mes mots à mes divers projets littéraires. Pour moi, l’écriture peut se comparer à un verre d’eau plein à ras-bord, mais qui ne pourrait être rempli à nouveau que le lendemain; ainsi, une fois que le contenu en a été vidé au fur et à mesure des heures, il ne reste plus rien pour épancher la soif. Combien de fois ai-je passé mes journée à taper des mails ou des légendes, me retrouvant en début de soirée complètement vidée et incapable d’aligner deux lignes de plus ? En soi, rien de dramatique à cela, sauf quand on veut devenir écrivain. Alors, je me préserve, d’autant plus que j’essaie d’opérer peu à peu la transition vers cette nouvelle carrière, et ayant passé les dix dernières années à ne m’occuper que d’images, je veux dorénavant pouvoir m’adonner en toute liberté aux mots.

En août, je vais avoir trente ans, le blog fêtera une décennie et je ne me vois pas passer la suivante devant l’objectif, car en réalité, je n’ai jamais trop aimé ça, préférant cent fois me concentrer sur le stylisme, la composition d’une image, la recherche d’inspiration, les interactions et oppositions chromatiques. Depuis 2008, le monde des blogs, qui est aujourd’hui devenu celui de l’influence, s’est développé de manière considérable, et si j’aime encore partager les photographies que je mets en scène ou prends moi-même au gré de mes pérégrinations historiques, je dois avouer ne plus me reconnaître dans cette sphère dont les valeurs intrinsèques sont radicalement opposées à celles qui furent établies il y a dix ans de cela. Où est le partage ? Il n’existe plus, même chez moi je crois, mais comment pourrait-il en être autrement quand les blogs ne sont plus lus et qu’Instagram ne laisse aucune place à l’échange. Image postée, image oubliée, c’est la loi.

Ne vous méprenez pas, je suis loin de me plaindre car c’est grâce à ce support que j’ai chaque jour accès à des découvertes et des expériences d’exception, et je pense même continuer encore quelques années à partager mes images, car c’est un besoin esthétique qui est inaliénable à ma personnalité. J’aime avoir mon espace visuel, ma mosaïque colorée dans laquelle je retrouve les mille belles choses qui ont croisé ma route, mais dès lors que je pense à ce qu’ont été autrefois les blog et les liens qu’ils permettaient de tisser entre les communauté de lecteurs, je me trouve tout à coup très déprimée par la tournure des choses. Un certain musicien n’avait-il pas écrit dans sa lettre posthume « Le fait est que je ne peux pas vous tromper, aucun d’entre vous. Cela n’est honnête ni pour vous ni pour moi. Le pire crime auquel je puisse penser serait de duper les gens en prétendant que je m’amuse encore à 100%. (…)  J’ai essayé tout ce qui était en mon pouvoir pour y prendre plaisir (et j’y prends effectivement plaisir, mon dieu croyez-moi, j’y prends plaisir, mais pas suffisamment). Je me réjouis d’avoir touché et diverti tant de gens. (…) Je suis trop sensible. J’ai besoin d’être légèrement engourdi pour retrouver l’enthousiasme de mon enfance.

Je ne sais pas vraiment de quoi sera fait demain, mais je ne me vois pas arrêter comme ça, car bien que la force des choses ait radicalement changé l’esprit originel de ce qui fut la blogosphère, j’aime encore ce que je fais, et m’amuse encore à construire des images ou des natures mortes, seulement, je sais aussi délibérément que je suis un dinosaure et que sans pour autant mépriser le monde des influenceurs, d’une part car j’en fais moi aussi partie, et d’autre part car j’y ai toujours rencontré des gens bienveillants et ultra bosseurs,  je ne me sens pas tout à fait à ma place. Aujourd’hui, pour réussir ou se maintenir dans ce monde, il faut mettre en place une énergie folle, une stratégie de chaque jour, et je ne me sens pas capable, car ce n’est pas ma véritable passion. J’ai envie de partager, pas de calculer, or ce n’est plus le monde candide et acidulé d’il y a dix ans, aujourd’hui il faut se battre pour rester à sa place. Et il y a un domaine que je souhaite explorer à l’avenir et peut-être un jour faire mon métier, même si cela me semble être une belle utopie, c’est celui de l’écriture. Je veux être fière de pouvoir dire un jour « je suis écrivain ». Alors puisque pour cela il me faut préserver mon verre d’eau, je vais devoir fragmenter ma production : d’un coté l’image, ici et sur Instagram, parfois du texte lorsqu’il sera vraiment justifié ainsi que dans mes articles patrimoine, et de l’autre coté, en gestation, l’écriture car mon premier livre est prévu pour l’automne 2019, alors il me faut avancer sans m’arrêter, et j’espère qu’un jour je connaîtrai l’accomplissement ultime de le tenir entre mes mains. Vous aussi peut-être ?

Skirt : Topshop / Top : Vintage / Shoes : Mellow Yellow / Lipstick : Fenty Beauty Freckle Fiesta

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From Paris with Love !

Louise


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