Casque d’Or, Histoire d’une Bad Girl.

28 septembre 2013

History | Pandora | Textes


Dear english readers, I’ve translated this post for you, it’s just after the french version !

 Abandonnons un instant les poules de la plaine Monceau et les flonflons de chez Maxim’s pour partir en dangereuse expédition du coté de Charonne et des lupanars de Belleville, sur les terribles terres du royaume sans foi ni loi des Apaches, ces séduisants loubards des quartiers populaires. Avec leur grain de beauté tatoué sous l’oeil en guise de reconnaissance, et leurs casquettes vissées sur des trombines bégueules, ces sauvages à cran d’arrêt fascinent les journaux et les bourgeois en manque de sensations fortes, qui frissonnent dans leurs salons cossus au récit de leurs magouilles canailles et autres truanderies de boulevard.

 En 1902, le tout-Paris s’enflamme pour une sordide affaire de règlements de comptes entre bandes rivales, dont la cause est à chercher du coté d’une rousse cabotine. Tous brûlent de lever le voile sur cette Carmen de la Courtille par qui arriva le déluge : une orchidée de bitume nommée Amélie Hélie. Rééditées il y a peu, les mémoires de Casque d’Or -un « tell all » des plus explicites n’ayant rien à envier aux confessions frelatées de nos starlettes nabillesques- m’ont fit tant rire que je décidai d’en faire le canevas de ce portrait hautement caustique…Bienvenue dans le monde des apaches !

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« Gigolette prédestinée », Amélie Elie fit dès la naissance une entrée fracassante dans le monde de la gaudriole, puisque la belle pouliche à la toison rousse nous vient d’Orléans, le pays de Jeanne d’Arc, la pucelle ! Toute sa vie, la pauvre « Mélie » devra essuyer des flopées de calembours au bout goût 1900 (c’est à dire riches en gras-double), et du « petite pucelle ! » accommodé à toutes les sauces, ce qui a le don d’exaspérer la mijaurée qui on l’imagine bien, est loin d’avoir farouchement défendu sa petite fleur de mai

 Certains amants y voient même un joyeux augure, car si Jeanne d’arc bouta les anglais hors de France, ça pourrais donc signifier qu’avec Mélie les trente jours du mois seraient « trente jours d’amour…sans trêve » (mais si, vous savez, « les anglais ont débarqué », que de rigolade !). Un brin lassée par ces mufes à l’esprit bon marché, elle nous explique férocement que faut pas non plus la jambonner de trop, car le dernier gueusard qui s’y est essayé s’est ramassé « trois coups de soulier fameux » droit dans les rognons !

 Si elle est plutôt bruyante, baby Amélie est toute petite, si petite que lors d’une licherie familiale des plus arrosées, son père fit à ses invités la surprise tordante de leur présenter son « petit salé » de nourrisson servi sur un lit de salade (qu’est ce qu’on s’poile en 1900!), avant de le renvoyer au berceau une fois que l’émotion le fit… »baigner dans son jus ! » Charmant ! Une chose est sûre, notre « crotte de bique » à risettes s’annonce déjà comme un met de choix pour les fines bouches libertines. Plutôt bien tournée la môme, mais pour gueuler, ça elle gueule !

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Du haut de ses deux ans, Amélie débarque sur le pavé de Paris avec le troupeau Elie, qui élit domicile dans un pauvre taudis du quartier Popincourt. Si vous ne vous êtes jamais penché sur les conditions de vie de la classe ouvrière au XIXème, laissez-moi vous les résumer en un adjectif: épouvantables. Notre drôlesse en jupons crottés grandit gaiement dans le ruisseau de Charonne, se fait connaître comme pisseuse de première classe, et ne perd pas une occasion de gambiller du croupion quand la musique vient secouer les rues.

 A la Charonne on est pas chez les oies blanches des quartiers rupins, les gamines du coin ont la danse dans le sang ! A la rue comme aux bastringues, ça chaloupe à tout va ! Dès qu’une musette louche ouvre ses portes près des barrières, la Mélie en crève d’impatience, mais elle devra attendre ses 13 ans pour en franchir enfin les portes, et courrir se frotter aux jeunes apaches. Presque aussitôt, elle se cognera au « Matelot » (il vient tout juste de quitter sa vareuse de gamin), qui lui fera descendre sa première môminette (marque d’absinthe très connue) et l’invitera carrément à devenir « petit mari et petite femme ».

 A respectivement treize et quinze ans, les insolents morveux se mettent à la colle dans une chambre d’hôtel miteuse, et s’y déniaisent à l’unisson. Mais, et ta vertu mon enfant ? « Ma vertu, si tu passes par la Charonne, pour un peu qu’elle ait été patiente, elle y est encore ! »» (Adapté d’un mot fameux de la Goulue !). Commence alors une existence dorée d’amour candide, interrompue de temps à autre par quelques séjours en maison de correction flanqués par le père Elie, hélas un bonheur que Mélie trouve tout de même un peu trop tarte, puisqu’elle se fait la malle avec son baluchon après quatorze mois d’idylle. C’est qu’elle se toque des voyous la cabotine !

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Amélie dans les archives de la police.

« Crotte de bique » la petite Amélie était, « crotte de bique » elle est restée. Tant pis pour les « les gourmands de lard, de gras de côtelette et de pommes soufflées », la Mélie n’est pas bien gironde, pas « d’arrière train de cheval d’omnibus » à l’horizon nous précise-elle, mais attention, c’est qu’elle a tout ce qu’il faut la coquine !! Des attaches fines de première qualité à en faire tomber les rupins d’la haute -car y pas que chez les « grues du parc Monceau qu’on peut trouver des miniatures »-, des « petits nichons » certes, mais fermes et insolents, pas comme ceux des ogresses de chair qui dégoulinent de leurs corsets sous pression ! La gueusasse est fort bien dessinée, elle a du chien, et cerise sur le gâteau, se vante d’être blonde de partout ! Elle aurait même donné une enveloppe de son gazon à un animal de comte qui n’en croyait rien.

  Évidemment avec de tels atouts, la petite friponne -dépravée à point, sauce suprême– se destine à une carrière de choix : pierreuse, paveuse, fille en carte, tailleuse de ruban, bref : prostituée. Ne vous moquez pas, au XIXème c’est une profession presque respectée, sûrement mieux que blanchisseuse ou fleuriste à gratter trois sous la journée, ça c’est pour celles qui sont mal faites ! Bon, sur les photos, je ne la trouve pas non plus d’une classe folle la Mélie, avec sa frimousse bouffie, son museau aplati et ses yeux de poiscaille, mais après, allez comprendre le goût de l’époque…A moins que, avalée par le temps, l’aura charnelle de son casque fauve nous soit restée étrangère ?

 C’est un fille de renom, la Belle Hélène, qui l’attrape au vol à la sortie du Matelot et l’introduit au trottoir, lui faisant directement sauter des « joies célestes » de la bagatelle adolescente au « noir empire des démons cornus », c’est à dire des lubricités à la chaîne. Mais Mélie est sacrément sérieuse dans sa profession, certes ça n’est pas de la plus grande distinction, mais c’est plutôt chouette de faire admirer aux cocus de salon « autre chose que l’insipide alignement des arbres et des pissotières du boulevard ! ». D’ailleurs, joliment tapée, c’est grâce à ses charmes mutins que la marcheuse rendrait carrément service à l’humanité, et bonne fille, se prend même de nous énumérer ses grâces (à la troisième personne, bien sûr…) :

– »elle était l’oie du pauvre, le riche gardant jalousement pour lui la dinde du parc Monceau, ce qui ne l’empêche pas d’aller goûter parfois à l’oie du pauvre »

-»elle soulageait bien des épouses qui ne lui en savent aucun gré aujourd’hui »

-»elle était un mode de circulation pour la richesse publique »

-»elle évitait que les belles concierges fussent à tout instant culbutées dans les escaliers »

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Loin de s’en plaindre, la môme se plaît sur son bout de trottoir, elle y a ses habitudes, ses clients favoris…On la traite de fille publique ? Et alors, quelle différence avec ces écrevisses d’actrices qui tapinent depuis la scène des théâtres ? Ben oui, riches banquiers comme apaches c’est la même histoire, « ils entrent…ils sortent » et l’affaire est faite !

 Et quand elle ne va pas se mettre au frais à la Saint-Lazare après une rafle des mœurs (faut dire que le juge en pince pour les gros nichons, et comme elle n’a pas grand chose à présenter de ce coté-là, elle se colle la peine maximale), ou prendre ses quartiers d’hiver dans la chaleur feutrée des bordels, Mélie flâne le nez à l’air sur son boulevard chéri une fois l’été venu. Pas rosse, la fille des rues aime son travail, d’ailleurs il lui est impossible de promettre à quiconque qu’on ne l’y reprendra plus ! Histoire d’appâter le chaland, elle nous précise même qu’elle reçoit jour et nuit, et va jusqu’à nous vanter ses mérites : « que vous veniez un par un, ou en foule, je vous fiche mon billet que vous serez tous contents ». En voilà du bon marketing ! Dans ses mémoires, elle s’oublie à rêver à un turbinage petit-bourgeois, au sein d’un boudoir cossu où les clients prendraient leur numéro d’appel et attendraient sagement dans une antichambre qui fasse salle de jeu, une coquette vie de lorette en somme !

 Tiens le client, parlons en du client! Dans le « buzinesse » on trouve de tout, de l’invalide qui vient se payer une tranche, du viceloque qui lui fait jouer à la gosse, du flambeur venu s’arsouiller entre deux murges, et des flopées de bons maris au sang tourné (« en face d’un mollet bien tourné, d’un corsage rempli, PAF ! Charonne, dix minutes d’arrêt ! »). Son petit livre noir lui sert à dresser d’éloquentes catégories : il y a les cochers expéditifs, « bonjour, bonsoir » et c’est plié, les maçons charmants amants, et les « trains-éclair », ces zigues « qui vous prennent en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Ouf ! ». Avec toute cette faune, elle ne risque pas de s’ennuyer !

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Casque d’Or immortalisée par Simone Signoret

Avec Mélie, la Belle Hélène est bien bonne, lui offre le gîte dans son lit à toile cirée (avec toutes ces cochons de clients, faut bien prendre ses précautions…) et turbine pour deux, mais qu’est ce qu’elle peut l’agacer à force de gueuler à s’en faire péter la jugulaire et à se dandiner comme un paon en croute ! C’est surtout sa terrible jalousie qui éreinte son amante. D’ailleurs, étrangement prude, Mélie ne nous dit pas si tribaderies il y a, mais on se doute bien que les deux pierreuses ne devaient pas jouer aux cartes une fois leurs nippes tombées…

 Quand elles ne sont pas gluées au lit, nos dindes font un bombe de tous les diables dans les bouges du quartier et remuent du lard à en perdre haleine dans les bals des barrières, une vraie vie de fripouilles ! Un soir de noce, elles tombent sur un dénommé Bouchon, une terrible canaille célèbre pour avoir pendu sa régulière, la bilieuse môme café, parce qu’elle s’envoyait toutes les raclures de passage dans les bouges de Paris. C’est même un conseil du quartier -aussi crapuleux qu’improvisé- qui fit tomber la terrible sentence sur la pauvre gueuse, car ne l’oublions pas, dans le monde de Charonne, les apaches font la loi.

 Ces brigands, ces criminels à gueule, ça la fait vibrer cette cagnasse de Mélie, il lui suffit d’une promesse de sang pour lui ficher des frissons jusque là ! Bouchon a pendu sa môme ? Bah, elle s’en fout, c’est le roi du quartier et elle sera sa reine, et s’imagine déjà se dandiner au bras de cet homme important, sollicitée à s’en faire tourner la tête : « Mélie, Bouchon te réclame », « Mélie, ton homme m’as fait passer un message pour toi ! ». Pas de « n,i, ni, c’est fini» avec Bouchon, on ne pinaille pas sur les honneurs, femme de bandit c’est une gloire qu’on ne refuse pas !

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Extrait de la bande-dessinée 70’s de Annie Goetzinger

Dès le lendemain, c’est un Bouchon gominé et vêtu de ses plus beaux atours qui fait les cent pas devant la piaule de sa conquête, et ce depuis 45 minutes, ça, « il n’est pas certain qu’il en ai jamais tant fait pour une autre femme » ! Plutôt chique le mecque ! V’la qu’il est tombé raide de cette rousse à la « gueule chiffonnée », et qu’il veut la marier, mais tout de suite, parce que c’est quand même plus commode, et qu’on va pas s’embarrasser d’interminables déclarations ! La pierreuse et l’apache entrent séance tenante à l’église la plus proche, et s’entiflent comme il faut devant le prêtre, presque bourgeoise leur affaire  ! S’il n’est pas question de « se marier comme des chiens », ils ne sont pas non plus là pour faire les bénis-oui-oui, et sous l’œil hilare de sa moitié de fraîche acquisition, Bouchon glisse un ticket d’omnibus dans les aumônes, et demande les cierges les plus chers en partant bien sûr sans payer. On ne se rachète pas chez les apaches !

 Venons-en aux choses pratiques, l’accord est clair, chacun devra turbiner de son coté. Enfin, en réalité c’est plutôt Mélie qui trime comme une acharnée sur son trottoir, et remet chaque soir son solde à son homme, qui quand à lui -bien feignasse- se tourne joliment les pouces. S’il se dit maraîcher, installant au petit matin son chariot -volé- et sa marchandise -volée-, et poussant deux-trois « il est bon mon choux-fleur, il est bon ! » pour faire la blague, le mufe file aussitôt aux tripots nocer à tout va avec sa joyeuse bande de rigolboches. Pour lui, l’égalité est parfaite « Moi je vends des légumes ; toi, tu te payes des poires ! ». Pas bégueule, Mélie se repaît dans les joies de la servilité, et se délecte du bonheur de « vivre dans le rayonnement d’un homme superbe », après tout elle est « la femme à Bouchon », célébrée dans tous les rades de la Charo(g)ne !

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Casque d’Or du temps de sa courte gloire

Seule ombre au tableau, le Bouchon est très jaloux, il suffit même qu’elle évoque le charme faunesque d’un serveur mauresque pour qu’il envoie sa belle « rouler sur le pavé ». Enfin, jaloux mais quand ça l’arrange, car aucun problème à « prêter » la dulcinée aux michés de passage, c’est plus commode de faire « le dos » que de butiner comme un peinard (traduction : c’est mieux d’encaisser que de bosser comme un acharné). Dans les quartiers populaires les rôles s’inversent, ces sont les pierreuses qui entretiennent leurs tir-au-flancs d’hommes, bien déterminés à ne pas en foutre une bocquille…

Bouchon est plutôt gourmand, trop gourmand même, si bien qu’il finit par imposer à sa poule le chiffre impensable de douze francs par jour, et la pauvre Mélie de se tuer à la tâche. Pas question de cochonner le travail, elle se fait suer : enchaîne les passes à une cadence infernale, racole à tout va, part même chiper des clients volages à ses collègues (ce qui lui vaut quelques beignes vengeresses), et si la redoutée moyenne n’est pas atteinte, la malheureuse se prend une tonitruante torchée en pleine poire (quelle surprise venant d’un homme si charmant….) !

 Un soir, c’est au beau milieu de la rue Keller que Bouchon lui fout la volée du siècle -avec l’assistance de son camarade le bien nommé Gueule-en-Bois-, les deux enflures se la renvoyant l’un à l’autre par coups de poings interposés, comme une balle de tennis. Et ça les fait même se gausser à s’en tordre les côtes, ces satanés brigands ! Pour Mélie, les temps sont durs…La peur au ventre, c’est pour ne pas mourir trop jeune qu’elle s’enfuit du doux logis, et orpheline de sa chère Charonne, se voit contrainte à errer de quartiers en quartiers pour ne pas risquer de croiser son tendre ripoux.

Il y a tant de péripéties à venir que mon article aurait fait trois kilomètres, aussi je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le second volet des aventures de Mélie ! Au programme : sang et castagne, loubards en tout genre, guerre des gangs, grandeur et décadence du tapin…

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English Version

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Let’s leave for a while the rich districts’ tarts and the parties at Maxim’s to go on a dangerous journey towards Paris’ popular districts of Charonne and Belleville, on the terrible lands of the « fearing neither god nor man » kingdom of the Apaches (the nickname that was given to these thugs), these seductive scallywags of parisians slums. With their beauty mark tatooed under the eye for recognition, and their caps screwed on their sinister faces, this savages with switchblade knives create a fascination for newspapers and petit-bourgeois that crave for sensationalism, whom are shivering on their comfy living-rooms when hearing the tale of their raffish scams and other street crimes.

In 1902, Paris is burning for a sordid settling of scores between rival gangs, whose reason is to find on the side of a redhead temptress, and suddenly the whole city trembles to lift the veil on the slums’ Carmen who provoked the déluge, an asphalt orchid named Amélie Hélie. Recently republished, her memoirs -a very explicit « tell all » with no reason to envy today’s reality stars’ confessions- made me laugh so hard that I deciced to base my highly caustic portrait on them. Welcome to the world of Apaches !

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« Predestined prostitute », Amélie Hélie made a dramatic entrance in the world of hanky panky, because the gorgeous bird with the redhead plumage was born in Orléans, in the land of Joan of Arc, the virgin ! During all her life, the poor « Mélie » had to suffer hearing flows of tasteful 1900 puns (that is to say rich in fat),  an infinite feast of « little virgin ! » served with every sauce, wich is extremely annoying to the poor girl, who, we can easily imagine that, got rid of her virginity pretty fast !

If she’s rather noisy, baby Amélie is quite tiny, so tiny that during a very drunken family dinner, her father offered the most hilarious surprise to his guests by showing his lovely infant on a plate, served with salad leaves (what a fun we had in the 1900’s !), before sending her back to the crib once too much emotion made her…stew in her own juice ! Charming ! One thing is certain, our cute « goat dirt » (her nickname in the family) is already shaping to be a refined dish for libertine papillas. The tyke is fine-looking, but god does she screams !

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At two years old, Amélie disembarks in Paris’ cobbled stones with her family, and takes up residence in a popular district’s poor hoven. If you’ve never heard of the working class’ living conditions in the XIXth century, let me sum them up in only one word : dreadful. The tiny tot in dirty underskirts grows up joyfully in the streets of Charonne (her district), gets famous for being a first class pee-girl, and never looses an opportunity to shake her butt when music comes in the neighbourhood.

 In Charonne they’re not like the young innocents girls of rich districts, the neighbourhood’s kids have the passion of dance flowing in their veins ! Everywhere in the streets, they’re all dancing like mad ! Everytime a disreputable cabaret opens its doors in her district, Mélie is dying to go, but it’s only at thirteen years old that she will be finally allowed to go dancing on her own, and trust me, that kid really caught up the delay ! After a few crazy nights, she bumps into the « sailor boy » (he’s still wearing his chlidren’s sailor costume, hence the nickname), who makes her drink her first absinthe, and boldy invites her to become his « little wifey » !

Respectively thirteen and fifteen years old, the two insolent brats start their grown-up relationship in a shabby hotel room, and cross together the line of their virginity. Then begins a golden life of candid love, interrupted from time to time by a few stays in correction houses inflicted by their angry parents, but alas this pubescent happiness is becoming duller and duller for Mélie, so much that she even decides to leave the poor boy after fourteen months of bliss. Well, she can’t help it if she prefers bad boys !

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Amélie in the Police’s archives.

« Goat dirt » little Amélie was, « goat dirt » she stayed. Too bad for the « gluttons of saindoux, chop’s fat and pommes soufflées », Mélie is not very curvy, no « horse’s hindquarters » to report she says, but be careful, because the naughty girl has all it takes ! Delicate wrists that would make every rich sucker drool all over, « small tits » admittedly, but fierce and firm, not like these ogresses of the flesh that leak from their corsets under pressure. Our tramp is nicely fit, she has guts, and on top of it all, she claims to be blonde as far as the most secret places of her pale body ! She even gave an evenlope of her pubic hair to a provocative count that didn’t believe a word of it.

 With such assets, the little lassie -well-depraved, sauce suprême- is obviously destined to an eminent career : hustler, streetwalker, harlot, in short : prostitute. Don’t laugh, in the XIXth century it’s a very serious job, much better than the washerwomen and the florists that earn three pence a day, that’s for the ones that aren’t pretty enough Mélie says ! Well, on the pictures I don’t really think she’s that classy with her puffy face, her flat muzzle and her fishy eyes, but after all, try to understand the era’s tastes…Unless, swallowed by the time, maybe the wild aura of her fawn thick air didn’t come to us ?

La Belle Hélène, a famous hooker of the district, took Mélie under her wing after the break-up with « sailor boy », and introduced her to the wonders of streetwalking, making poor Mélie fall from the « celestial joys » of teenage love to the « black empire of horned demons », that is to say having to move from lecheries to lecheries. But Mélie is quite serious in her job, certainely it’s not very distinguished, but it’s pretty swell to let men admire « something else than the insipid alignment of the trees and the boulevard’s public urinals » ! ». Moreover, the femme fatale even thinks that her charms are a great help to humanity, and enumerates her graces for the scepticals in the audience (refering to herself in the third person, so modest !):

« She was the poor men’s bird, the rich jealously guarding the goose of the Monceau park, it doesn’t prevent him from tasting sometimes the poor men’s bird »

« She was relieving so many wives that didn’t even had a clue about it, even today »

« She was a circulation pattern for public wealth »

« She saved beautiful caretakers from being screwed at every moment in the stairs »

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Far from complaining, the kid likes her piece of sidewalk, there she has her habits, her favorite clients…People say that she’s a streetwalker ? So what, is there any difference between those seductive actresses that prostitute themselves directly from the theather stage ? Aftar all, rick bankers or apaches it’s the same story, « they come…they go », and the deal is done !

 And when she’s not taking forced holidays in the Saint-Lazare women jail after for being caught by the vice squad (unfortunately for her, the judge loves big boobs, and because she has nothing to be proud of in that area, she’s up for the biggest sentence), or retirering for winter in the cosy comfort of a brothel, Mélie gets some fresh air on her darling sidewalk once summer comes to the city. The girl is not scornful, she likes her job, and can never promise to anyone that she will quit it someday ! In her memoirs, she dreams of a petit-bourgeois prostitution in a cute boudoir where clients could take a number and wait patiently for their turn in a antechamber where they could play games…How sweet life would be !

About the client, let’s talk about the client ! In the buziness there’s everything, from the invalid that comes to escape from a solitary life, to the old dirty pig that ask her to play the child, the party animal that craves for more fun, and flows of good husbands that go bad for a minute (« in front of a pretty leg, a curvy cleavage, bang ! »). In her little black book she lists interesting categories : the expeditive coachmen, « wham, bam thank you ma’am », the bricklayers that are charming lovers, and the « express trains », those nervous fellows that are done before you could say Jack Robinson ! With all that quirky crowd, she surely doesn’t get bored !

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 Casque d’Or played by Simone Signoret

 The Belle Hélène is the nicest host for Mélie, she makes room for her in her bed and works in the streets for the two of them;  but despite these graces, the redhead beauty still find her very annoying wth her constant yelling and her exasperating vanity. Moreover, she’s atrociously jealous, which is very exausthing for Mélie, who likes her freedeom. By the way, strangely prude, Mélie doesn’t tell us if the two are engaged in a lesbian relationship, but we can easily assume that once her clothes were down on the floor, the two girls were surely not playing cards !

When they’re not glued in bed, our tarts party like crazy in the neighbourhood’s dives, and dance ’til they gasp for their breath in the popular bals, a typical bad girls life ! During one of these nights on the town, they stumble on a man by the name of Bouchon, a dreadful scamp who got famous for having hanged his girlfriend because she had it away with all the scums of Paris. He event set up a neighbourhood council -as villainous as improvised- who brought down the terrible sentence on the poor slob, because let’s not forget, in the world of Charonne, the apaches lay down the law.

 Brigands and criminals, it’s those bad boys that makes Mélie fall in love with, all she needs is a bit of blood and the chill of sleeping next to a murderer, she worships the thrills of living a dangerous life ! Bouchon hanged is girlfriend ? So what, Mélie doesn’t give a damn, he’s the king of the neighbourhood and she will be his queen, already picturing herself clunged to the arms of this important man, finally receiving the respect she deserves. She knows that if she becomes his girlfriend, she will be celebrated in the whole neighbourhod, and everybody will fight to grasp her attention : « Mélie, Bouchon called you », « Mélie, you mand left me a message for you ». There’s no hesitation to have, and she won’t quibble over such a glorious position, being the women of a bandit is an honnor that you don’t say no to !

 

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From the 70’s comic book of Annie Goetzinger

The day after, a very elegant and well-combed Bouchon is walking restlessly up and down in front of her place, and he’s been doing so for 45 minutes, which is something he never did for any other woman ! Rather chic that fellow ! The reason of all this scrap is that the brigand fell head over heels in love of this redhead with a « crumpled mug », and wants to marry her, but right now, because first it’s quite convenient, and then he has no intention of putting himself out with endless declarations ! The prostitute and the apache enter forthwith in the nearest church, and put properly a ring on their fingers, almost bourgeois their business, isn’t it ? If there’s no question of « getting married like dogs », they aren’t either there to act like religious zealots, so, under the hilarious eye of his better half of fresh acquisition, Bouchon slips an omnibus ticket into the charity box, and ask for the most expensive candles while leaving without paying for them. In the apache world, there’s no redemption !

Now let’s talk about the practical matters, the agreement is clear, each one will have to work from his part. Well, in reality it’s more Mélie that is slaving away on her sidewalk, and giveing each night her pay to her man, whom as a pretty lazy sloth, is joyfully twiddling his thumbs. If he claims to be a market gardener, setting up his -stollen- trolley every morning and his -stollen- goods, and yelling a couple of « tasty cauliflowers here ladies and gentlemens, tasty cauliflowers ! » in order to pretend, the boor immediatly takes French leave to join his drunken gang. For him, the equality is perfect « I sell vegetables; and you take mugs for a ride ! ». Not so spiteful, Mélie is delighted with the joys of submission, and revels in the happiness of « living under the radiance of a superbus man », after all, she’s the « wife of Bouchon », celebrated in every dive of Charonne !

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Casque d’or during her fifteen minutes of fame

Only cloud in the horizon, Bouchon is very jealous, so jealous that he once beat his wife pretty harshly, just because she simply mentionned the faun-ish charm of a moorish waiter. Well, he’s only jealous when he find it convenient, because on the other hand he sees no problem in « lending » his lady-love to the clients that are passing through, it’s more comfortable to cash in hand than to work like a buzy bee. In the popular districts the roles are reversed, it’s the women that are supporting their skiver of men, whom are well determined to not lift their little finger.

Bouchon is greedy, a bit too greedy actually, so well that he ends up imposing to his chick the impossible takings of twelve francs per day, and the poor Mélie to work herself to death. The idea of dispatching her work is totally of the question, so she decides to go great lengths : she solicits like mad, pleasures a customer after another, and even pinches some clients to her co-workers, and if the dreaded average is not reached, the poor girl takes a thundering volley right in her face (what a surprise coming from such a charming man…) !

One night, it’s in the middle of the Rue Keller that Bouchon gives her the beating of the century -with the help of his well-named pal Woodface-, the two bastards returning Mélie from to one to another with their punches, like a tennis ball. And these damned villains even find it very funny ! For Mélie, times are though…Sick with fear, it’s because she doesn’t want to die too young that she runs away from her sweet home, and orphan of her dear Charonne, ans sees herself constrained to wander from disctrict to district to avoid running into her nasty lover.

There are so much adventures that are left to tell that my post would have been way too long, so in that case I’ll continue my story next week ! On program : blood and fights, louts of all kinds, gang wars, rise and fall of prostitution…


23 commentaires



  1. Cecilialucia dit :

    Jolie Louise, cet article est passionnant! Si bien écrit que l’on s’y croirait dès les premiers mots. C’est formidable de décadence… Hâte de lire la suite!

  2. Eugénie dit :

    Article très intéressant et instructif ! Je connaissais son visage, mais pas son histoire … vivement la suite :)

  3. Romantic Tea dit :

    J’attends la suite avec impatience ! Ta version est beaucoup mieux que celle de Wikipédia :)

    Merci de t’investir autant !

  4. Laurène dit :

    Superbe article, très bien écrit, mais si je puis me permettre, il y a une faute historique…
    Orléans n’est pas le pays de Jeanne d’Arc, parce qu’elle est né à Domrémy, en Lorraine (rebaptisé Domrémy-la-Pucelle du coup). Mais elle est effectivement passée par Orléans lors de son périple militaire.
    Cette petite bévue n’enlève rien au charme de ton article ni de ton blog en général. Bonne continuation !

  5. Mariounche dit :

    Oh, on veut connaître la suite ! Merci pour cet article, on rentre bien dans l’histoire ! J’ai bien ri et le récit est plutôt drôle sauf à la fin, ça se corse et j’en éprouve même de la peine pour elle…
    Mais je me doute que des rebondissements nous attendent !

  6. Alia dit :

    Tellement passionnant et si bien écrit! Bravo!

  7. Marion dit :

    Très hâte de lire la suite !!!

    J’adore la tournure « histoire avec un petit h » que prend ton blog !

  8. mariebayarea dit :

    Wow! More please.

  9. Loonia Ali dit :

    Passionnant, enrichissant, j’ai adoré ton article!
    Tu as ton propre univers merci de m’avoir fait voyagé!
    http://WWW.BONNIE-BANDIE.COM
    http://WWW.BONNIE-BANDIE.COM

  10. P. dit :

    Très intéressant de découvrir le « dessous des choses » ! J’adore tes expressions, les mots du vieux français et l’humour subtil que tu glisses dans ce texte :)

  11. Chloé dit :

    Je me délecte de tes petites histoires.

    C’est formidable, ne t’arrête jamais !

  12. Arthea dit :

    Chère Pandora,

    Belle exposition, sur Casque d’Or, à Orléans, maison Charles Péguy.

  13. Stella dit :

    passionnant et drôle comme tout, vivement la suite ! :)

  14. Julie dit :

    Superbe article, on s’y croirait ! Ton blog sort vraiment du lot, j’ai hâte de lire la suite !

  15. Cora dit :

    J’adore, c’est vraiment passionnant, dès la première ligne, l’histoire nous saisi ! Remarquablement bien écrit, félicitations, hâte de lire la suite !

  16. KizzyDoll dit :

    I read this when you posted it, but was lost for time to comment. This is a superb article, I do love when blogs post rich articles like this (though sadly very few do) Marvellous. I hope your weekend was bliss xx

  17. cLIne dit :

    C’est très intéressant cette intrusion dans le milieu pauvre des faubourgs début de siècle. Ce qui me touche le plus, c’est l’attachement viscéral qu’ils avaient à leur quartier. Au point d’être perdus/exilés s’ils le quittaient même en restant dans Paris. Paris était tout un monde avec pour chaque quartier ses lois, sa spécialité, ses rois, ses reines… Cette vie de trottoirs à pas 20 ans est très impressionnante … merci pour la lecture !

  18. Mannabelle dit :

    On s’y croirait ! Toujours aussi passionnant, Vivement la suite !!!!!!!!!

  19. garbow dit :

    ….à la lecture du texte j ai l impression d un feuilleton tel qu il en paraissait dans les journaux de l epoque..les expression argotiques que tu empruntes aux faubourgs de ce Paris là ajoute une touche  » 3D » aux evenements..j attends la suite avec plaisir..si tu avances le curseur de quelques decennies tout en restant dans l esprit de ce Paris gouailleur, KIKI de Montparnasse à sa place dans la galerie des personalites que tu eclaires sous ta plume en 2013…
    Louise j espere qu un jour Jeanne DU BARRY se retrouvera dans tes pages , à la lumiere de ta plume..de son parcours hors- normes..des salons de nouveautes à ceux de Versailles..en passant par la douceur de Louvecienne ..jusqu aux souliers de satin blanc ou vert ( je verifierai ma memoire ) chaussés pour monter à l echafaud..
    Marion ecris qu elle aime ici l histoire avec le petit h …et bien oui tu sais devoiler et mettre en valkeur les details qui rythment et font la pulsation quotidienne d une epoque ..l instant etant l essence de tout..l histoire avec un grand H n existe pas plus que celle avec un petit h.. enfin je trouve que tout est passionant
    Flower
    A

  20. Fleur dit :

    J’adore! Merci beaucoup!

  21. On se croirait revenus à l’époque des feuilletons dans les journaux et magazines, j’adore!
    Je ne connaissais Casque d’Or que de nom mais j’attends la suite avec impatience, merci!

  22. A quand la suite de ce merveilleux article? :P

    Je tiens quand même à te remercier dans ce premiers commentaire (il me semble) que je poste sur ton blog, pour continuer et avoir superbement évoluée au fil des ans.
    J’ai du commencer à suivre « des blogs modes » en spectatrice il y a environ 6ans, et je m’en suis complètement lassée à cause bien souvent du côté superficiel qui s’en dégage et ensuite commercial.
    Mais je dois dire que le tiens est toujours resté superbe, tes séances photos de plus en plus belles et inspirantes, et avec bien attendu de nombreuses références, et des articles comme celui-ci alors là c’est le pompom!

    J’espère ne pas manquer la seconde partie :3
    Et bien sur je continue de regarder tes magnifiques « images » qui font rêver.

  23. Ju dit :

    je reste sur ma faim, à quand la suite? :)

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