Russie de Gemmes et de Joyaux
28 décembre 2017
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Pictures by Solene Ballesta
Shot at the Théâtre du Châtelet
Après une décennie de fascination, j’eus l’hiver dernier l’occasion infiniment précieuse de me rendre à Saint-Petersbourg, la divine terre des tsars de Russie. Et si depuis je vous parle autant de ce voyage, c’est parce qu’il représente l’accomplissement d’une passion qui me dévorait depuis l’adolescence, du temps où je me plongea pour la première fois dans les grands classiques de la littérature russe, dévorant avec fièvre des kilomètres de littérature exaltée : Tchekhov, Boulgakov, Pouchkine, Tolstoï, Dosteïevski, pour ne citer que les plus connus. La Russie, vous l’avez compris, est un des mes thèmes favoris, et je ne compte pas les fois où j’ai pu en explorer ici-même les multiples facettes, avec maladresse souvent, car on auréole de mystère et de grâce pétrifiée ce qui nous semble lointain, trop éloigné pour être compris. Ma Russie est celle des livres, figée comme une photographie jaunie de la famille Romanov, raide comme une icône orthodoxe, elle est, je l’admets, à l’image de Saint Petersbourg, une enclave glorieuse et somptueuse qui tranche durement avec les luttes d’une population parfois terriblement miséreuse. Comme le dit si bien mon frère, « cette ville rend Marxiste », tant les dorures sont éclatantes, aveuglantes, presque obscènes même, mais l’esthète en moi ne pouvait que se prosterner devant le témoignage de ces quelques siècles de faste et de raffinement suprême. Oui, Saint-Petersbourg était bien la capitale de ce que Stefan Zweig appelait le Monde d’Hier…
On pourrait aisément penser que je ne vénère que la Russie des palais aux lourds stucs chargé d’or, et pourtant, une grande émotion me vient au cœur lorsque je contemple les images de cette Sainte Russie qui semble à jamais pétrifiée dans le siècle de Pierre le Grand, en particulier dans les tableaux de Mikhail Nesterov et la douce piété qui s’en dégage, ô Russie des steppes enneigées et des forêts de bouleaux aux superstitions millénaires. Il y a quelques églises orthodoxes à Paris, allez-y, car leur atmosphère feutrée, cette lourde intimité qui se s’épand dans l’opacité des volutes d’encens, ne saura que vous dépayser…
Quelques mots sur cette série de photos maintenant, elle fut réalisée en plein mois d’août avec Solène Ballesta, dans un Théâtre du Châtelet entièrement vide, et quelle expérience ce fut…Minuscules insectes au sein de cette immense espace plongé dans le noir le plus complet, nous en découvrions les secrets à la lueur de lampes torches, évitant de trébucher sur un fauteuil oublié, admirant les ors patinés de ces moulures qui se révélaient à nos yeux d’apprentis explorateurs. Le Châtelet était pour moi la Terra Promessa d’un énième, mais néanmoins ultime (à moins que…) hommage à ma Russie rêvée, car c’est en ces lieux que débuta l’extravagante aventure des Ballets Russes de Sergei Diaghilev, auxquels, comme vous le savez sûrement, je vous un culte frénétique. Lorsque les Ballets Russes firent une entrée fracassante sur la scène du Châtelet en 1909, ce n’est pas seulement la saison parisienne qu’ils bouleversèrent, mais également la mode et les arts décoratifs de l’époque, puisque le tourbillon de couleurs vives et acérées qui les caractérisait trouva correspondance dans ces deux domaines complémentaires. C’est en visitant Saint-Petersbourg que j’ai pu enfin comprendre les sources de ce soudain déferlement, tant coupoles et plafonds brillent par leur exubérance chromatique : du sol au plafond gravitent les bleus lapis-lazuli, les vert malachite ou encore les rouges rubis, en somme, la Russie orthodoxe nous toise de par le déploiement fastueux de ces gemmes consacrées. Ainsi, j’ai imaginé articuler cette série de photo autour de ces trois pierres qui sont, telle la sainte trinité, le fondement d’une Russie toujours fantasmée, jamais égalée, et qui n’a peut-être jamais existé, si ce n’est dans mes rêves…
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Dress : Ateliers of the Opera de Paris (in the Francesca da Rimini opera) / Kokoshnik : from St Petersburg / Boots : Vintage
Make-up : Kat Von D Beauty Raw Power + Trasher Full Metal Eyeshadows / NaHz Fur Atoo Everlasting Lipstick + Trasher Full Metal Eyeshadow
Blouse and Skirt : Vintage / Shoes : Azzédine Alaïa / Hat : Vintage / Earrings : Asos
Make-up : Kat Von D Beauty Iggy Full Metal Eyeshadow / Susperia Everlasting Lipstick
Blouse : Mango / Kokoshnik : from St Petersburg / Boots : Zara / Skirt : Inès Olympe Mercadal x La Redoute
Make Up : Kat Von D Beauty Paranoid Full Metal Eyeshadow / Vampira Everlasting Lipstick + Trasher Eyeshadow
Je tire le rideau sur cette année 2017 et en profite pour vous remercier du fond de mon cœur pour votre présence, votre fidélité au fil du temps, vos mots et vos encouragements…Étant de nature très pudique, je ne serais jamais la bonne copine qui vous appellera « mes petits chatons », mais ceux qui m’écrivent et me lisent encore -à l’heure où les blogs sont à l’agonie- savent combien votre attachement m’est vital. Je ne serais pas là sans vous, c’est aussi simple que ça, et cette gratitude ne m’a jamais quittée. Et si je continue à faire des photos ou écrire des articles, c’est parce qu’année après année, je ressens le besoin de partager ces choses qui dorment dans mon imagination, et apprendre de vous, nous avons grandi ensemble…
Merci infiniment, et puisse que 2018 soit riche en découvertes et en créativité !
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Inspirations
Mikhail Nesterov
Portraits de femmes en Kokoshniks (Herman Richir / Konstantin Makosvky pour les deux derniers)
Costumes de Leon Bakst pour les Ballets Russes
La collection russe de Yves Saint Laurent en 1976
From Saint-Petersbourg with Love,
Louise
Love your classy style and beautyfull nails with gellak. Your stylist is also Jessica Scholten who works with Tati Artchocolat and Louvain ?
[…] étant de plus en plus amoureuse de l’esthétique russe et slave, le billet Russie de gemmes et de joyaux de Louise Ebel a été un véritable petit bonbon visuel, en particulier pour les peintures […]
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